Assainir et renouveller l´air domestique
La qualité de l’air domestique est un enjeu majeur pour la santé des personnes. En effet, l’activité humaine, comme les objets ou matériaux stockés dans les logements, chargent l’air de nombreuses particules organiques, d’humidité et d’oxyde de carbone (CO²). Il est favorable également au développement des acariens et des bactéries. Ainsi, l’air présent dans les habitations est naturellement (beaucoup) plus pollué que l’air extérieur. Il est donc très important de renouveler l’air domestique — de remplacer l’air vicié par un air propre. Cela est d’autant plus nécessaire que le renouvellement régulier de l’air prévient la dégradation de nombreux matériaux composant l’infrastructure ou le mobilier sous l’effet de l’humidité, dégradations qui se manifestent souvent par l’apparition de moisissures (elles-mêmes plus ou moins volatiles et toxiques).
Cependant, extraire un air tempéré pour le remplacer par un air plus froid ou plus chaud génère un inconfort relatif. Il est donc important de maîtriser cet échange.
Les autorités de santé publique recommandent d’aérer les pièces de vie tous les soirs et tous les matins pendant une dizaine de minutes. Cette recommandation est en principe valable quels que soient les systèmes de traitement de l’air qui sont implémentés. On adaptera bien entendu la durée de « l’aération en grand » aux conditions climatiques.
Les conseils qui suivent traitent successivement :
De l’extraction de l’air vicié,
De l’admission d’air extérieur,
De la cinématique de l’air domestique.
I. Extraire l’air vicié d’un logement
La ventilation naturelle
Elle utilise la dynamique de l’air chaud qui monte naturellement. Une ou plusieurs simples gaines verticales débouchant en toiture permettent de créer une dépression naturelle dans le logement à partir des pièces humides. Cette dépression appelle à son tour l’entrée d’air propre. Celui-ci se réchauffera à mesure de sa circulation dans le logement.
L’extraction est plus efficace lorsque l’air extérieur est plus froid ou par vent faible et régulier.
La ventilation naturelle assistée (VNA) consiste à ajouter à l’installation un extracteur d’air vicié ou un insufflateur d’air neuf. Ce type d’appareil est normalement piloté par des sondes (H²O, CO², COV, dépressostat…) qui vont réguler les flux (en général sortant) en fonction des caractéristiques de l’air détectées.
La ventilation mécanique contrôlée (VMC)
Le renouvellement de l’air est réalisé grâce un ou plusieurs moteurs.
Les VMC simple flux sont des ensembles composés d’un moteur d’extraction, d’un réseau étanche de conduits d’air relié à des bouches d’aspiration situées dans les pièces humides (cuisines, salles de bain, WC, buanderies…). L’unique conduit de rejet d’air débouche habituellement en toiture.
Les VMC autoréglables sont les plus simples : le moteur fonctionne sur un débit constant préréglé en usine.
Les VMC hygroréglables ont un débit variable selon le taux d’humidité constaté dans les différentes pièces où sont positionnées les bouches. Le débit d’extraction est réduit au strict minimum lorsqu’il n’y aucune activité dans le logement ; il augmente à mesure que le taux d’humidité s’élève.
Dans tous les logements « non étanches », on peut se satisfaire d’un flux d’air unique — en extraction. L’admission de l’air est assurée de manière passive (l’air emprunte tous les passages existant). Dans les logements étanches (règlementation thermique RT2012), les admissions et les flux d’air extérieurs sont maîtrisés.
II. Insuffler un air propre dans un logement
Extraire l’air vicié d’un logement suppose de le remplacer par un air venant de l’extérieur pour compenser la dépression créée. Il existe plusieurs manières de le faire ou de le laisser faire.
Les entrées d’air passives
Ce sont des ouvertures pratiquées dans des éléments d’infrastructure. Les ouvertures passives en haut des fenêtres peuvent être, comme les VMC simple flux, autoréglables ou hygroréglables. Ces ouvertures peuvent aussi être pratiquées dans la maçonnerie. Dans la mesure du possible, les passages d’air sont équipés de grilles et de filtres pour éviter ou limiter l’introduction de particules de grosses tailles présentes dans la nature telles que les pollens. Enfin, ces passages d’air passifs sont le fait d’éléments qui n’ont pas initialement été conçus à cet effet : fenêtres ou portes non jointives, en particulier en partie basse…), ou autres types d’éléments d’infrastructure non étanche — greniers, combles perdus non isolés, ouvertures d’air comburant pour des générateurs de chauffage…
Dans le cas d’une VMC simple flux, il est donc impossible d’avoir une action sur la température de l’air entrant. Cela peut être problématique dans la mesure où la ventilation est une des causes majeures de déperdition de l’énergie. Les VMC double flux permettent, elles, une telle maîtrise, qu’il faudra envisager lors de la conception du projet.
Les VMC double flux
Elles sont équipées de deux moteurs de capacités équivalentes : l’un pour l’extraction, l’autre pour l’insufflation. Les entrées d’air passives ne laissent plus passer d’air frais que de manière très résiduelle car les pressions d’air domestique et extérieure sont équilibrées.
L’installation d’un échangeur à plaques permet de transmettre une grande partie de la chaleur du flux d’air sortant au flux d’air entrant, ce qui peut représenter une importante économie d’énergie. L’inverse est vrai lorsque des climatiseurs rafraîchissent l’air ambiant lors de fortes chaleurs.
Les puits canadiens
Ils permettent de tempérer l’air entrant, c’est-à-dire en premier lieu de le rafraîchir en été et en second lieu de le réchauffer en hiver. Ils constituent davantage un facteur d’agrément et d’économie d’énergie qu’une simple induction d’air.
Ils peuvent êtres couplés à une VMC double flux pour optimiser leur utilité.
A défaut, il faudra installer à leur débouché un extracteur d’air, sans cependant que les volumes en extraction et en insufflation ne soient coordonnés.
III. Positionnement et dimensionnement des bouches d’extraction et des entrées d’air
Les capacités d’extraction nécessaires couramment admises pour les différentes pièces d’eau sont les suivantes :
Cuisine de 30 à 150 m3/h variant selon l’activité et la taille du logement,
Salle de bain 30 m3/h
WC 15 m3/h
Le taux d’humidité maximal acceptable en intérieur est de 65%. Ce taux peut être abaissé jusqu’à 45%. En deçà, une sensation de dessèchement désagréable et irritant des muqueuses peut affecter les occupants du logement.
Les bouches d’extraction d’air vicié doivent être placées au-dessus des sources de production de vapeur d’eau (baignoires et douches essentiellement. S’il en est plusieurs, de préférence au-dessus de celle qui est la plus éloignée de la porte donnant sur les dégagements ou pièces de vie.
Les ouvertures inertes ou les bouches d’admission d’air frais sont de préférence positionnées en sorte que l’air entrant traverse au maximum les pièces dans lesquelles elles se trouvent. Elles sont donc dans la mesure du possible à l’opposé des portes donnant vers les pièces humides où est extrait l’air vicié.